Le service de Magistrat de liaison régional en Afrique de l’Ouest (Dakar), en partenariat avec le Centre de Formation Judiciaire, a démarré ce jeudi un colloque sur les infractions relatives aux crimes internationaux de genre. Ce colloque qui se déroule du 6 au 7 mars 2025 enregistre la participation en distanciel du Procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), du Directeur général du Centre de Formation judiciaire, du Magistrat de liaison régional de l’Ambassade de France au Sénégal et en Gambie.

Les crimes fondés sur le genre ont longtemps été relégués au second plan et inconsidérés au régime des crimes internationaux. Aujourd’hui, malgré une attention balbutiante, les violences basées sur le genre continuent d’être considérées comme de simples « incidents isolés » et non comme des faits criminels à part entière. Pour autant, la poursuite de tels crimes exige une expertise spécifique et une vision holistique. Dans ce contexte, le colloque est organisé pour donner l’occasion d’explorer les dispositifs juridiques nationaux et les méthodes d’enquêtes mises en place pour le traitement de ces crimes spécifiques.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par Monsieur Souleymane Teliko, Directeur général du CFJ. Dans son propos, il a souligné que « la communauté internationale, malgré les avancées significatives réalisées dans le domaine des droits de l’homme, continue malheureusement d’être le témoin de violences publiques … ». Il dira que « tous ces crimes d’agressions sexuelles en temps de conflit ou de persécution, fondés sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, ne sont pas seulement des violations du droit international, mais aussi de graves atteintes à la dignité humaine ».

 En outre, il a insisté sur l’importance de la responsabilité pénale internationale, initiée par les juges de Nuremberg. Les défis persistants dans la lutte contre l’impunité, tels que la collecte de preuves, le manque de ressources et l’absence de volonté politique, mettent en lumière la gravité des crimes internationaux de genre qui portent atteinte non seulement à l’intégrité physique des victimes, mais aussi à leur dignité.

Pour sa part, le Magistrat de liaison régional affirme que le contexte mondial est marqué par une instabilité, par des violations répétitives des droits humains et un affaiblissement des institutions internationales. L’évènement tenu en marge de la journée du 8 mars est un prétexte pour réfléchir sur la défense et le renforcement de la justice pénale internationale,

Selon Pierre Giraud : « c’est une évidence que la journée internationale des droits des femmes, doit nous orienter vers un sujet qui a été longtemps relégué au second plan, les crimes de genre ». Le magistrat de liaison régional dénonce le fait que « trop souvent, ces crimes ont été perçus comme de simples dommages collatéraux des conflits or, ils sont bien plus que cela. Ce sont des armes de guerre, des stratégies de domination, des atteintes intolérables à la dignité humaine » a-t-il souligné.

« Les crimes liés au genre représentent une catégorie relativement ignorée dès les premières années du développement du droit international » explique le Procureur adjoint de la Cour pénale Internationale. C’est pourquoi, il rassure que « le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale a élaboré des politiques criminelles spécifiques pour aborder les crimes liés aux personnes ». D’ailleurs le dernier document de référence a été lancé lors de l’Assemblée des Etats-parties à New York en décembre 2023.

Mame Mandiaye Niang afffirme que « l’incrimination pénale de ces crimes exige une coopération renforcée de tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques, et à tous les niveaux, national, régional et international ».

Ce colloque est une formidable opportunité pour échanger sur nos modèles, confronter nos expériences, s’enrichir mutuellement pour lutter contre l’impunité relative aux infractions portant sur les crimes internationaux de genre.