La Conférence internationale sur « l’Intelligence artificielle et l’Etat de droit en Afrique de l’Ouest » a pris fin le jeudi 27 février 2025. Pendant trois jours, magistrats, formateurs et responsables des institutions de formation de la République du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Sénégal et du Togo ainsi que des avocats, des universitaires ont été sensibilisés et formés sur l’utilisation de l’IA dans le traitement des contentieux au niveau des systèmes judiciaires.
De l’« Aperçu général sur l’IA et ses opportunités d’application dans l’administration », aux « Mécanismes de gouvernance sur les données de l’IA dans le monde et en Afrique » en passant par les « Opportunités de déploiement de l’IA dans le système judiciaire », « La responsabilité en matière d’IA », la revue du « Manuel de formation mondial : l’IA et l’Etat de droit pour le pouvoir judiciaire », les thématiques abordées ont permis de saisir l’ampleur de la problématique liée à l’intelligence artificielle. Les discussions ont mis en lumière les opportunités et risques liés à son usage ainsi que les enjeux relatifs aux droits de l’homme face aux systèmes d’IA.
Les experts ont aussi partagé les nombreuses opportunités que le déploiement de l’IA peut avoir sur le système judiciaire. Le prétexte des travaux de groupe visait deux objectifs d’abord celui de détecter l’appui considérable de l’IA pour l’office du juge, ensuite d’appréhender les risques de se fier uniquement à l’IA pour le traitement du contentieux, car à la pratique, il est aisé de voir les biais que comporte un tel système.
La dernière journée de la conférence a été l’occasion, pour les responsables des institutions de formation judiciaire, de mener des réflexions sur l’intégration de modules dédiés à l’IA dans les programmes de formation. Une initiative très pertinente d’autant plus qu’une étude du bureau régional de l’UNESCO révèle que 40% des acteurs judiciaires déclarent utiliser l’IA mais seuls 9% ont reçu une formation adéquate pour l’appliquer et en comprendre les enjeux et défis.
Au terme des travaux, des recommandations ont été formulées:
1- Aux institutions de formation judiciaire de/d’:
– Explorer et mettre en œuvre les actions visant l’appropriation et l’intégration des modules de formation sur l’IA dans les programmes de formation ;
– Former des formateurs sur le « Manuel de formation mondial : l’IA et l’Etat de droit pour le pouvoir judiciaire » ;
– Vulgariser le manuel de l’UNESCO sur l’IA auprès des acteurs judiciaires ;
– Introduire des modules sur l’IA dans les curricula des institutions de formation judiciaire ;
2- Au Réseau Africain Francophone de formation judiciaire d’:
– Intégrer les questions relatives à l’IA au nombre de ses domaines d’intervention ;
– Élaborer et promouvoir une Charte éthique sur l’utilisation de l’IA par les acteurs de la justice;
3- A l’UNESCO d’/de :
–Appuyer et soutenir les Institutions de formation judiciaire sur la formation en IA et l’intégration des modules dans les curricula.
Cette conférence marque ainsi une avancée significative dans la sensibilisation et la formation des acteurs judiciaires africains à l’intelligence artificielle, afin d’en faire un outil au service d’une justice plus efficace, transparente et accessible.